Dans la négritude originelle du poète président, cette réhabilitation de l'homme noir s'opère à partir de l'affirmation de l'équivalence des civilisations africaines aux autres, et de la valorisation de leurs arts.
Au cours du 20e siècle, des poètes africains, haïtiens, malgaches et antillais ont écrit pour dénoncer l'injustice et la souffrance de leurs peuples colonisés. Grâce à leurs mots, ils ont combattu contre la colonisation. Ils ont aussi milité en faveur d'une identité noire en inventant le terme de « négritude ».
Si elle naît, bien évidemment, des souffrances endurées par les « Nègres », de la violence du colonialisme et plus largement de la domination blanche, la négritude se veut l'antithèse de tout discours misérabiliste.
Dans le processus historique du rapport conflictuel entre l'Afrique et l'Occident, l'affirmation de l'identité africaine, en littérature négro-africaine, a engendré une conception mythique de l'africanité. Celle-ci se définit, en effet, par opposition à la culture occidentale identifiée à la modernité.
La négritude a été un instrument de lutte dont usait l'intellectuel auquel revient le rôle d'éclaireur et donner au peuple le sens critique et la liberté. Libérer le peuple revient à revendiquer sa liberté politique et culturelle et à faire connaître à l'occident les aspirations des peuples asservis.
La Négritude est ce nouvel humanisme à la fois identitaire et écologique qu'il propose aux personnes dont « la race est celle des opprimés ». La Négritude est le fil conducteur de la pensée de Césaire dans sa déconstruction du colonialisme, celui de la France en particulier.
On voit et on n'a que trop vu les conséquences que cela entraîne : couper l'homme de lui-même, couper l'homme de ses racines, couper l'homme de l'univers, couper l'homme de l'humain, et l'isoler, en définitive, dans un orgueil suicidaire, sinon dans une forme rationnelle et scientifique de la barbarie.
42Née à Paris dans les années 1930, la négritude s'est développée comme une idée constitutive de la lutte des peuples africains contre le racisme et la domination coloniale en Europe, en Afrique et dans les Amériques.
Pour revenir donc à la Négritude, Césaire la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. » (Liberté 3, pp. 269-270.)
Né à la fin des années 1930, la Négritude est un courant littéraire et politique qui rassemble des écrivains noirs francophones pour revendiquer l'identité noire et sa culture. Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas, Guy Tirolien, Birago Diop et René Depestre en font partie.
Le Martiniquais Aimé Césaire, né en 1913, le Guyanais Léon Gontran Damas (1912-1978) et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001) se sont faits les chantres de la négritude, concept qu'ils ont inventé, à travers leurs oeuvres essentiellement poétiques.
Pour Senghor « la négritude est le patrimoine culturel, les valeurs et surtout l'esprit de la civilisation négro-africaine ». Pour Sartre, c'est la « négation de la négation du Nègre » : « Puisqu'on l'opprime dans sa race et à cause d'elle, c'est d'abord de sa race qu'il lui faut prendre conscience.
Les écrivains littéraires de l'origine africaine visent vraiment à effectuer des changements socio-culturels par leurs œuvres critiques. ll va sans dire que l'on ne peut pas aliéner la littérature de la vie sociale parce que c'est une institution sociale qui exprime la vie d'un peuple et d'une époque donnée.
Le rejet de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur le politique ».
La Négritude comme expérience de la finitude
Aussi cette préface a-t-elle pour but de faire saisir les conséquences pour le monde blanc de cet événement de la présence noire. Affirmation de soi émancipatrice, la Négritude est corrélativement le nom d'une expérience que le Blanc fait de lui-même, sous le regard du Noir.
nécessaire], rassemblant des écrivains noirs francophones, dont Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas et Guy Tirolien. Lié à l'anticolonialisme, le mouvement influença par la suite nombre de personnes proches du Black nationalism, s'étendant bien au-delà de l'espace francophone.
Aimé Césaire d'après Léopold Sédar Senghor
Ils fondent la revue « L'Etudiant noir ». C'est là que Césaire emploie pour la première fois le mot de négritude, qui devient un mouvement littéraire et politique.
Parce que, depuis le début de ce siècle, s'éla- bore une civilisation planétaire, qui doit beaucoup, si para- doxal que cela puisse être, à la négritude. Commençons par rendre, à Césaire, ce qui est à Césaire. Car c'est le poète et dramaturge martiniquais qui a forgé le mot dans les années 1932-1934.
Fondateur du mouvement de la négritude aux côtés du poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire et de l'intellectuel sénégalais Alioune Diop, Léopold Sédar Senghor entendait redonner à l'homme noir toute sa dignité après des siècles de traite négrière et de colonisation.
La Négritude, quand elle se dit « philosophie », ne semble retenir du geste philosophique que sa dimension de sublimation – occultant, sous les concepts les plus travaillés, les logiques matérielles et économiques de prédation et les formes de violence qui persistent à ordonner le monde après les Indépendances.
Aujourd'hui des écrivains tel que Daniel MAXIMIN, ou le poète et romancier Bertène JUMINER ainsi que Xavier ORVILLE romanciers latino-américains influencé par le surréalisme, sont également dans le sillage littéraire de CESAIRE. Parmis les détracteurs de la Négritude, Frantz FANON considère le concept trop réducteur.
Il s'agit de réagir au racisme implicite et au complexe de supériorité spécifique au colonialisme français, qui induirait que la libération de l'homme noir passe par une reconnaissance intellectuelle du concept de négritude.
C'est parmi cette élite qu'ont émergé les premiers écrivains africains comme L. S. Senghor, Camara Laye, David Diop, Ferdinand Oyono, Ahmadou Kourouma, etc.
La négritude n'est pas un « mouvement » littéraire au sens propre du terme. Elle marque plutôt la prise de conscience, par de jeunes étudiants noirs, de la domination culturelle occidentale et de tout ce qu'elle entraîne dans la perception qu'ils ont d'eux-mêmes.