La stratégie de séduction de Dom Juan
Il fait une déclaration d'amour. Il la demande en mariage et utilise le champ lexical de l'honneur : "bonne foi", "honneur", "loyauté", "morale". Proposer le mariage lui permet de faire croire qu'il est sincère, puisque c'est un véritable engagement.
Un Don Juan ne s'engage pas
Qu'on se le dise, le séducteur compulsif fuit l'engagement. La plupart du temps, il ne voit les femmes que comme des trophées à ajouter à sa collection, pour se prouver qu'il est le plus fort et qu'aucune ne lui résiste.
Dom Juan nous apprend que la fidélité à soi-même est ainsi la première éthique d'une vie publique, et nous avertit du risque encouru lorsque que l'on renonce à son intégrité. Dom Juan n'adhère pas au système de valeurs religieuses qui fondent la bienséance de son temps.
Don Juan, libertin impénitent et blasphémateur, séduit toute jeune femme passant à portée d'yeux, noble ou paysanne, vertueuse ou peu farouche. C'est la conquête qui l'intéresse véritablement : une fois le cœur de la belle ravi, il se lance sur la piste d'une nouvelle proie.
Le séducteur, entre tragédie et névrose [*] | Cairn.info.
La domination par la parole
Au théâtre, la parole est souvent enjeu de confl it et de pouvoir. Dom Juan se sort de nombreuses situations parce qu'il maîtrise le langage : il est capable de faire l'éloge des pires défauts, domine la plupart des dialogues (► texte 5).
Dom Juan est un menteur et un manipulateur. Il séduit Mathurine et Charlotte en leur promettant de les épouser. Il ne tient pas sa promesse, mais il se moque aussi d'elles, les manipule, ménage la chèvre et le chou. Il se moque des fiancés, des frères, des amis.
Dom Juan est un libertin parce qu'il est un séducteur impénitent mais surtout parce qu'il est infidèle et qu'il ne tient pas sa parole donnée : il quitte Done Elvire pour tenter de séduire une jeune fiancée, puis charme Mathurine et promet aussi le mariage à Charlotte…
Le début de l'acte V précipite le châtiment annoncé : Dom Juan joue le faux dévot devant son père Dom Louis et devant les frères d'Elvire. Cette hypocrisie, ultime affranchissement à la morale, précède la mort de Dom Juan qui se joue aux scènes 5 et 6 de l'acte V.
Son histoire : Le jeune et beau Dom Juan est insolent, irrespectueux et violent. Grand séducteur, il accumule les conquêtes féminines et les rejette dès qu'il a eu ce qu'il voulait. Libertin et blasphémateur, il décide d'enlever Done Elvire d'un couvent afin de l'épouser, puis la déshonore en l'abandonnant.
Ne pas refuser les compliments et galanteries en est une autre. Montrez-lui qu'il devra batailler dur pour vous séduire : il n'est pas seul sur le coup ! Sans concrétiser ces relations, laissez-vous complimenter par cette petite cour, si possible devant lui. En plus de titiller son ego, ça boostera le votre.
Dom Juan tantôt utilise le langage de l'hypocrisie pour se défendre tantôt il se sert de la rhétorique pour séduire ses victimes: c'est à travers le pouvoir verbal qu'il arrache une femme à un homme. Le langage est la clé du jeu de miroirs sur lequel la pièce est fondée.
Dom Juan est donc un homme qui « ferme l'oreille à toutes les remontrances [chrétiennes] qu'on lui peut faire, et qui traite de billevesées tout ce que nous croyons » (I, 1). C'est un être en fuite qui cherche à se dérober à la société et à ses règles, à ceux qui lui réclament explications, réparations ou argent…
Ce « stratagème » qu'est l'hypocrisie profite des plus faibles et les manipulent (« ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres »), comme l'illustre l'aphorisme final : « C'est ainsi qu'il faut profiter des faiblesses des hommes ».
Au delà de son cynisme et de son attitude méprisante, Don Juan fascine par la révolte qu'il incarne et le défi qu'il lance à l'autorité divine et à l'ordre social. Mais il inquiète aussi par sa mort, souvent spectaculaire, qui le précipite dans l'Enfer.
« La constance n'est bonne que pour des ridicules. » Mais c'est un animal logique dans toutes les autres circonstances. Et ce mouvement ne se fait pas sans panache. Et il est vrai que Dom Juan est courageux. Il fonce, n'a peur de rien.
Les thèmes abordés : l'infidélité, la trahison, le mensonge, le mépris, le blasphème, la séduction, l'amour, le ridicule.
Dona Juana, bien comprise, est l'irreprésentable féminin. C'est pourquoi il faut qu'elle soit représentée. Telle est donc l'entreprise à la fois paradoxale et rigoureuse dans laquelle Patrick Verschueren s'est engagé : pour que le Don Juan de Molière soit lui-même, il doit devenir femme.
Il aime réduire la résistance des femmes, car la résistance le détruit. Il a besoin de se sentir aimé et ne supporte pas de voir entre deux personnes un véritable amour. En fait Dom Juan fuit éternellement l'amour car il est incapable d'aimer : il sait juste séduire.
Grand séducteur sans scrupules ; homme à succès féminins, toujours en quête d'aventures amoureuses.
Cette mort a clairement une dimension cathartique (purgation à visée morale) : Dom Juan meurt par le feu, élément purificateur, et on peut voir dans la sentence du Commandeur (« l'endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l'on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre. ») un rappel à valeur ...
Il s'agit de montrer que si la parole, notamment quand elle est poétique, peut se contenter d'émouvoir et de séduire, elle peut aussi avoir une fonction psychagogique et conduire la pensée vers la connaissance de la vérité ou d'une vérité commune.
Il méprise le sacré, comme lorsqu'il dit au pauvre : « pour l'amour de l'humanité » (III, 2, p. 9-72, l. 39) alors que la phrase habituelle est « pour l'amour de Dieu ». A l'inverse, Sganarelle croit en Dieu et craint la fureur divine si Dom Juan ne se repent pas.