Dom Juan n'est pas un séducteur, ou du moins n'est pas que cela : il est avant tout un homme libre, et meurt libre, distingué des autres hommes par la statue du commandeur qui incarne la loi, la vengeance, les convenances, tout ce dont il s'est détaché au cours de sa vie de séducteur.
La figure de Don Juan est une des plus hautes dont on convient d'accompagner le mot liberté. Dans un siècle fortement sanglé par les codes et les normes, il incarne en effet un refus hautain de toute mesure et proclame les droits du désir et de la raison.
Dom Juan n'adhère pas au système de valeurs religieuses qui fondent la bienséance de son temps. Il semble au contraire prendre un malin plaisir à s'en détourner, voire à le tourner en ridicule : c'est ainsi qu'il cherche à faire jurer, à l'acte III, un pauvre mendiant rencontré dans le bois.
Dom Juan se caractérise aussi par sa méchanceté : c'est un « grand seigneur méchant homme » (I, 1). Il aime en quelque sorte de façon sadique faire souffrir les autres. Il méprise la douleur de Done Elvire délaissée et humiliée, ou celle d'un Pierrot qui tente de préserver sa Charlotte.
Dom Juan est un libertin, c'est-à-dire un homme qui place sa liberté au-dessus de tout. Selon lui, rien ne devrait venir entraver cette liberté sacrée, y compris les relations amoureuses. C'est pourquoi il rejette avec force le mariage. Selon lui, la fidélité est l'ennemie de l'amour.
Si la pièce de Molière avait uniquement pour but de dénoncer la démesure d'un athée, Dom Juan trouverait en face de lui des défenseurs conséquents de la religion, comme Tartuffe a eu en face de lui Cléante. Or le défenseur le plus présent est... Sganarelle !
1. Qui mène une vie dissolue, qui est de mœurs très libres. 2. Se disait au xviie s. de quelqu'un qui manifestait son indépendance d'esprit par rapport aux enseignements du christianisme, et qui refusait toute soumission à l'Église.
C'est un homme libre, qui recherche sans relâche la liberté absolue : il rejette Dieu non par athéisme ou diabolisme mais par refus de limites, si lointaines soient-elles. Il ne s'attache à aucune femme, n'a aucun ami. Dom Juan se revendique comme anticonformiste.
La postérité, et en particulier l'époque romantique, ont vu en Dom Juan un homme désabusé, en décalage avec son époque, qui cherche désespérément l'accomplissement et va à sa propre mort. Cette évolution du mythe nourrit aussi la vision qu'on a aujourd'hui du héros de Molière.
La cible première de Molière dans la pièce est la religion. Dom Juan se moque des rites chrétiens, et particulièrement des coutumes chrétiennes comme l'aumône (scène du pauvre). Il dénonce ces pratiques comme étant hypocrites. Enfin, Molière peint une société hypocrite, attachée aux apparences.
Don Juan défend la thèse de l'inconstance dans l'amour. Il ne recherche que la conquête et ne trouve pas de satisfaction dans l'attachement. Ainsi, il se présente comme un libertin dans ses idées et dans ses mœurs.
On peut évoquer un dénouement tragique, non seulement en raison de la mort de personnage titre, mais aussi parce que Don Juan épouse jusqu'à la fin sa destinée. Son châtiment est d'ailleurs annoncé tout au long de la pièce. De même, le héros est soumis à un dilemme, se repentir ou mourir.
Il vit à l'écart de la société des hommes, est constamment en fuite (face aux frères d'Elvire par exemple), et représente un danger pour la société dans la mesure où il séduit toutes les femmes, même celles promises à d'autres que lui. Il transgresse aussi les règles imposées par son rang.
ortho. donjuan) Grand séducteur sans scrupules ; homme à succès féminins, toujours en quête d'aventures amoureuses.
L'argument. Présentée par Molière comme une comédie, Dom Juan est en réalité une tragi-comédie qui ne respecte pas les règles classiques. Arrivé en ville après avoir abandonné Elvire, qu'il avait fait sortir d'un couvent pour l'épouser, Dom Juan aperçoit une jeune fille à la veille de se marier et projette de l'enlever ...
Dom Juan ou le Festin de Pierre est une comédie qui met en scène un séducteur libertin qui sera châtié par le Ciel.
Molière décrit lui-même son héros comme un "grand seigneur méchant homme". Mais plus que la luxure de Dom Juan, c'est sa relation à Dieu qui choque, la façon dont il en parle. On peut presque parler d'athéisme. Dom Juan en tout cas défie Dieu, il blasphème.
Bluwal, Stock, 1974). Les plans en contre-plongée, mettant le Commandeur en position de supériorité, annoncent le châtiment divin. Alors que le séducteur n'a cessé de promettre sa main sans la donner, ici, il la donne délibérément, ce que le gros plan souligne très nettement. Dom Juan meurt.
Don Juan est mort de la main du Commandeur. Don Juan n'en finit pas de mourir, de siècle en siècle, injustement assassiné par la justice divine.
L'origine du mythe
Pour certains, elle tire sa source dans l'histoire d'un seigneur espagnol, Don Juan Tenorio, qui aurait vécu au XVIIe siècle. Ce libertin aurait abandonné la fille d'un commandeur, après l'avoir déshonorée, puis tué son père au cours d'un duel.
– Vieux : viveur. Contraire : prude, puritain.
Courant de pensée philosophique et littéraire prônant la libre pensée et l'affranchissement des dogmes religieux et moraux.
1. Qui a une couleur rouge clair, semblable à celle de la rose commune : Des étoffes roses. 2. Avec un adjectif ou un nom qui en précise la nuance, rose forme des adjectifs composés invariables : Des tons rose clair.
Premières versions de Don Juan
Les forces romanesques faisant leur œuvre, il fait de Don Juan un jeune libertin arrogant, cynique et égocentrique, défiant de toute sa morgue l'ordre établi et surtout la morale chrétienne. Le personnage est si puissant qu'il ne tardera pas à s'imposer à d'autres grands auteurs.
La figure de Sganarelle
Il croit en Dieu mais respecte l'athéisme de son maître, comme le montre ses deux répliques : la première témoigne de sa posture différente de celle de Dom Juan (« Vous ne connaissez pas Monsieur », la deuxième l'expose comme tolérant (« Va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal »).